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Calculer le taux de réemploi d’une construction : quelle méthodologie adopter ?

L’économie circulaire occupe une place de plus en plus importante dans les projets de construction ou de rénovation, notamment à travers le réemploi des matériaux. Mais comment mesure-t-on concrètement l’impact de ces pratiques vertueuses sur l’environnement ? Voici un aperçu des méthodes de calcul et des indicateurs à prendre en compte que nous appliquons pour évaluer l’impact de l’utilisation de matériaux issus du réemploi. Pour réaliser le bilan environnemental de nos opérations, nous nous basons sur les données environnementales disponibles sur la base INIES

Une approche en fonction de la masse

Nous calculons le pourcentage de réemploi principalement en fonction de la masse des matériaux utilisés, une approche cohérente avec les objectifs nationaux qui raisonnent de cette manière. D’autres méthodes, comme celles basées sur l’unité fonctionnelle, le volume ou la valeur monétaire, sont également envisageables, mais ne sont pas des méthodologies utilisées dans les politiques publiques en vigueur. 

Le bilan environnemental : une analyse basée sur les données de la base INIES

Pour évaluer l’impact environnemental de nos opérations, nous utilisons la base de données environnementales INIES, une source de référence dans le secteur du bâtiment en France, géré par le Ministère de l’Écologie. Les Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES) des matériaux que nous utilisons fournissent une vingtaine d’indicateurs environnementaux. Nous en avons sélectionné quatre que nous qualifions comme particulièrement pertinents pour notre analyse :

  • L’impact sur le changement climatique : mesuré en équivalent CO2 (kgCO2éq) ;

  • L’utilisation nette d’eau douce : mesurée en mètres cubes (m³) ;

  • L’utilisation totale d’énergie primaire (renouvelable et non renouvelable) : mesurée en mégajoules (MJ). Il s’agit de l’énergie contenue dans les ressources naturelles ;

  • L’indicateur Tonne.km pour mesurer l’impact du transport des matériaux.

  • L’impact carbone comme indicateur clé

L’impact carbone comme indicateur clé

Le changement climatique, mesuré en CO2éq, est sans le moindre doute l’indicateur central de nos évaluations. Il est aujourd’hui omniprésent dans les référentiels, tel que la réglementation environnementale RE2020. Conformément aux règles de la RE2020, l’impact environnemental des matériaux issus du réemploi est compté pour 0, ce qui valorise considérablement notre pratique. Ce calcul se base sur la teneur en carbone biogénique des matériaux, exprimé en kgC, donnée également disponible dans les FDES.

 

Pour les matériaux biosourcés réemployés, nous calculons la quantité de carbone biogénique, c’est-à-dire la quantité de carbone stocké par ces matériaux pendant leur croissance.  Cette valeur est convertie en kgCO2éq. évité au travers de la norme EN 16 449, valeur que nous ajoutons ensuite aux économies de CO2 déjà réalisées. 

 

En fin de compte, cette méthode nous permet de quantifier les économies de CO2 réalisées grâce au réemploi, que nous traduisons en équivalents kilomètres voiture pour donner une idée plus concrète des bénéfices. Nous nous appuyons sur les données de l’Ademe via l’outil comparateur CO2.

L’utilisation d’eau douce dans nos chantier : un autre enjeu crucial

L’eau douce est une ressource de plus en plus rare, et sa consommation est un enjeu environnemental majeur des décennies à venir. Pourtant, l’empreinte hydrique des matériaux de construction est rarement mise en avant. C’est pourquoi nous avons choisi d’intégrer cet indicateur dans notre bilan environnemental, afin de sensibiliser au fil de l’eau à l’importance de la réduction de la consommation d’eau dans le secteur du bâtiment. Le calcul s’effectue de la même manière en utilisant les données trouvées dans FDES.

L’utilisation de l’énergie pour évaluer l’impact réel du réemploi

La consommation d’énergie est un autre indicateur important dans notre démarche. Comme pour le CO2, les matériaux issus du réemploi sont comptés pour 0 en termes d’énergie consommée. Cependant, nous incluons dans nos calculs les consommations énergétiques liées au reconditionnement des matériaux dans nos ateliers. Grâce aux outils proposés par notre fournisseur d’énergie Enercoop, nous disposons de données précises sur la consommation énergétique quotidienne de nos activités en atelier. Là encore, ces informations nous permettent d’effectuer des comparaisons viables par rapport à un projet de construction sans réemploi.

L’indicateur Tonne.km pour valoriser les circuits courts

Enfin, l’indicateur Tonne.km permet de relier économie circulaire et économie locale. Il illustre les distances de transports évités grâce à l’utilisation de matériaux réemployés, par rapport aux distances habituellement parcourues par des matériaux neufs : de leur extraction jusqu’à leur utilisation dans les chantiers. Ces distances moyennes, disponibles dans les FDES ou auprès des syndicats des métiers concernés, sont comparées aux kilomètres effectivement parcourus par nos matériaux, depuis le chantier de déconstruction jusqu’à nos ateliers, puis vers le chantier de réutilisation.

Une approche complète et complexe pour des projets plus responsables

L’adoption du réemploi dans les projets de construction ne se limite pas à une approche écologique, elle nécessite également des méthodes de calcul rigoureuses pour quantifier les bénéfices réels. En se basant sur des indicateurs clés comme le CO2, la consommation d’eau et d’énergie, nous pouvons démontrer de manière concrète l’impact positif du réemploi sur l’environnement. Ces efforts, combinés à la promotion des circuits courts, participent activement à la transition vers une économie circulaire dans le secteur du bâtiment.

Exemple de répartition en kg des matériaux utilisés.
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